Quelle paix durable possible en RDC sans dialogue avec le M23?

Par Poliscoop Média - 16 décembre 2024

La crise dans l'Est de la République Démocratique du Congo (RDC) continue de se compliquer, avec une série de rebondissements récents qui mettent en lumière des divergences croissantes entre Kinshasa et Kigali sur la gestion du conflit.

Position du Rwanda

Le gouvernement rwandais a clairement exprimé que les problèmes liés au M23 sont une affaire interne à la RDC. Selon les briefings officiels du Rwanda, le principal souci de Kigali reste la présence des Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) près de ses frontières, un groupe que le Rwanda considère comme une menace directe. Le Rwanda a aussi toujours émis des réserves quant à la coalition diverse, composée des Forces Armées de la RDC (FARDC), des FDLR, des forces de la Mission de l'Union Africaine en RDC (SAMIDRC), des milices Wazalendo, des mercenaires européens et des forces burundaises, tous opérant aux côtés de la RDC contre le M23 à la frontière avec le Rwanda.

La récente réunion ministérielle à Luanda, initialement prévue pour consolider les efforts de paix, s'est soldée par un échec à cause de désaccords profonds sur l'implication directe du M23 dans le dialogue. Le Rwanda insiste sur la nécessité d'un dialogue politique direct entre le gouvernement congolais et le M23 pour aborder les racines du conflit. Plusieurs observateurs constatent que sans ce dialogue, les accords entre Kigali et Kinshasa ne seraient pas contraignants pour le M23, risquant ainsi de prolonger le conflit sans en résoudre les causes profondes

Les allégations et contre-allégations

La tension a augmenté suite à une communication de la Présidence de la RDC, qualifiant la demande rwandaise de dialogue avec le M23 comme une "condition de dernière minute". Cette assertion a été réfutée par le Rwanda, qui a produit une chronologie détaillée à travers son ministre des affaires étrangères, montrant que la question du M23 était sur la table depuis août 2024, notamment à travers des propositions faites par la facilitation angolaise et des discussions lors de plusieurs réunions ministérielles.

Le Rwanda a insisté sur le fait que le dialogue avec le M23 n'était pas une nouvelle demande mais un point central de négociations pour une solution durable. Kigali affirme que sans un tel engagement, les actions de la RDC continuent de se focaliser sur des accusations contre le Rwanda plutôt que sur la résolution des problèmes internes.

Les implications pour une paix durable

Pour envisager une paix durable en RDC, il semble impossible de contourner le dialogue avec le M23. Le conflit persistant dans l'est de la RDC a entraîné une crise humanitaire majeure, des déplacements massifs de population et une déstabilisation régionale. Le refus de négocier directement avec le M23 pourrait non seulement prolonger l'instabilité mais aussi alimenter des tensions avec les pays voisins. La paix en RDC ne peut être obtenue sans une approche inclusive qui reconnaît la nécessité de dialoguer avec tous les acteurs impliqués, y compris le M23. Les récentes accusations et les échecs des pourparlers de Luanda montrent à quel point la situation est complexe et combien il est urgent de trouver un terrain d'entente. La communauté internationale, ainsi que les pays de la région, doivent encourager un dialogue réel et constructif pour mettre fin à ce cycle de violence qui affecte tant de vies.