Et si la restauration de l'autorité de l'Etat impliquait aussi le départ de Tshisekedi ?
- PoliScoop
- 21 juil.
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Alors que Kinshasa célèbre avec ferveur l'annonce de la Restauration de l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du territoire congolais, il est essentiel d'examiner de manière approfondie l'accord de principes récemment signé. Ce document revêt une importance capitale, non seulement par son contenu, mais également par l'esprit qui le sous-tend. Les mots soigneusement choisis par Boulos dans son tweet explicatif méritent également une attention particulière, car ils pourraient révéler des implications inattendues. En effet, la notion de restauration de l'autorité de l'Etat soulève de nombreuses questions. Parmi celles-ci, une interrogation cruciale se pose : cette restauration pourrait-elle également signifier le départ de Tshisekedi ? Ce questionnement, loin d'être anodin, mérite d'être exploré en détail. Nous vous invitons donc à plonger dans cette analyse pour mieux comprendre les enjeux politiques qui se dessinent à l'horizon congolais.
Texte du tweet
« Les résultats escomptés sont sans aucun doute la restauration de l’autorité de l’État sur l’ensemble de son territoire, et cela est tout à fait naturel pour n’importe quel pays, peu importe qui est le président, l’administration ou le responsable. C’est une question qui concerne tout pays, mais il est essentiel que l’État exerce un contrôle sur l’ensemble de son territoire, car cela garantit la sécurité, la stabilité et le respect des droits de tous les citoyens. Mais nous savons qu’il y a un conflit en cours. La situation nécessite un dialogue, un suivi de ce dialogue et demande de la persévérance pour parvenir à des accords détaillés, complets et exhaustifs. »
Washington et Doha: Une leçon diplomatique pour Tshisekedi
Il est impératif de replacer les récents développements dans leur contexte originel pour en saisir toute la portée. Ce processus de paix, qui s’articule aujourd’hui autour des accords de Washington et de Doha, trouve ses racines dans une initiative illogique et irresponsable de la République Démocratique du Congo (RDC), laquelle avait tenté de séduire les États-Unis par une proposition d’accord économique. Cette offre, portée par Félix Tshisekedi, visait à ouvrir les vastes ressources naturelles du pays aux intérêts américains. Cependant, Washington, dans une évaluation pragmatique et sans détour, a jugé cette proposition dépourvue de substance tant que Tshisekedi ne s’engageait pas dans un dialogue sincère avec son voisin rwandais, ainsi qu’avec l’Alliance Fleuve Congo-M23 (AFC-M23), un mouvement politico-militaire aux revendications internes ancrées dans les dynamiques locales.
Dès lors, ce départ s’avère un échec cuisant pour Tshisekedi, dont les attentes reposaient sur une illusion : celle de voir les États-Unis déployer des marines pour s’attaquer militairement au M23 et au Rwanda, en échange d’une prétendue cession totale du pays aux ambitions américaines. Cette stratégie, fondée sur une méprise des rapports de force, a été balayée par une réponse américaine aussi claire qu’inattendue. En conditionnant tout partenariat économique à une table de négociation inclusive, les États-Unis ont adressé à Tshisekedi un message sans ambiguïté : il n’a rien à offrir de tangible, incapable qu’il est de garantir la sécurité même de ce qu’il prétend mettre sur la table. Cette leçon diplomatique met en lumière la fragilité de son leadership, exposé par son échec à contrôler les territoires qu’il entend monnayer, et souligne la nécessité d’une refonte des approches pour restaurer une autorité étatique crédible au sein de la RDC.
Dans son tweet qu'il a rédigé après la signature de la déclaration des principes à Doha, le message de Boulos reflète une approche diplomatique américaine favorisant une autorité étatique fiable, forte en RDC comme une nécessité indépendante de la personne de Tshisekedi et une pré-condition à toute coopération économique. L’expression « peu importe qui est le président, l’administration ou le responsable » suggère qu’un changement de leadership pourrait être envisagé, notamment face à l’incapacité actuelle de Kinshasa à contrôler le pays: Cette formulation dépersonnalise le pouvoir, indiquant que Tshisekedi, perçu comme inefficace face à ces défis, n’est pas indispensable.
Cela renforce l’idée que l’ l’AFC-M23 dirigée par Corneille Nangaa et Bertrand Bisimwa, pourrait aussi jouer ce rôle de la restauration de l’autorité de l'Etat.
"Boulos a été très clair, avec ou sans Tshisekedi, l’autorité de l’Etat doit être restaurée. Ce qui importe ce n'est pas l’individu ou le régime qui dirige (légalement ou illégalement) mais une administration qui garantit la sécurité, la stabilité et le respect des droits de tous les citoyens." nous a indiqué un source à Doha.
Analyse linguistique
Linguistiquement, le terme « restauration » porte en lui une connotation complexe qui va au-delà de sa simple définition. Il sous-entend une autorité perdue, ce qui implique une critique implicite à l'égard de Tshisekedi, le président actuel. Cette notion de restauration évoque non seulement le désir de rétablir un état de choses antérieur, mais elle suggère également que l'autorité qui était autrefois présente a été compromise, voire déchue. En parallèle, l'expression « peu importe qui est le président » utilise une structure impersonnelle qui se veut délibérément neutre, détachant ainsi l'autorité de l'individu qui occupe actuellement le poste. Ce choix de formulation suggère une transition inévitable et nécessaire, comme si le pouvoir ne devait pas être confiné à une seule personne, mais plutôt être compris comme un mécanisme qui doit fonctionner indépendamment des individus. Le verbe « exerce » dans la phrase « il est essentiel que l’État exerce un contrôle » impose une obligation forte et pressante. Cette exigence souligne non seulement l'importance du rôle de l'État dans le maintien de l'ordre et de la stabilité, mais elle met également en lumière l'échec de Tshisekedi à remplir ce rôle crucial. Cela implique que, sous sa présidence, le contrôle de l'État a été insuffisant, et cela pourrait être interprété comme un appel à l'action pour corriger cette lacune. La répétition de l'expression « l’ensemble de son territoire » renforce l'idée d'une nécessité d'un Etat capable d'assumer ses responsabilités envers le peuple et non un quelconque retrait de l'AFC M23 des territoires qu'il administre d'ailleurs de manière exemplaire.

Les termes « persévérance » et « exhaustifs » suggèrent qu'il s'agit d'un processus long et complexe, compatible avec une transition politique qui pourrait impliquer de nouvelles dynamiques. Ces dynamiques pourraient potentiellement exclure Tshisekedi si cela s'avère nécessaire pour atteindre un but collectif. Ce processus de transition ne se limite pas à un simple changement de leadership, mais implique une réévaluation profonde des structures de pouvoir en place et des stratégies à adopter pour garantir un contrôle effectif sur le territoire. En somme, le discours autour de ces termes et expressions révèle une tension sous-jacente dans le paysage politique actuel, où l'autorité est remise en question et où les attentes envers l'État sont en constante évolution.
Conclusion
Le tweet de Boulos, lorsqu'il est examiné à travers une lentille politique et linguistique, révèle des implications profondes et stratégiques concernant la dynamique du pouvoir en République Démocratique du Congo. En effet, ce message, bien que succinct, porte en lui une critique implicite de l'actuel régime sous la présidence de Félix Tshisekedi.
En somme, le tweet de Boulos, lorsqu'il est analysé sous ces angles, devient un puissant vecteur de réflexion sur l'avenir politique de la République Démocratique du Congo. Il appelle à une réévaluation des structures de pouvoir et à une prise de conscience collective sur l'importance du dialogue et de la collaboration entre les différentes parties prenantes. Cette approche pourrait bien être la clé pour restaurer non seulement l'autorité de l'État, mais aussi la confiance du peuple congolais dans ses institutions.
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