Le Burundi, joue t-il au "Qui perd gagne"?
- PoliScoop

- 12 janv. 2024
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 janv. 2024

Nous sommes jeudi, le 11 janvier 2024, tout commence comme une rumeur parmi tant d'autres. Mais pour ceux qui connaissent le Burundi, "Urukurukuru niyo nkuru" – la rumeur est en elle-même une nouvelle. Les murmures se propagent dans les bistros, les bus, les groupes WhatsApp, les journalistes indépendants en parlent etc, les gens s'appellent pour confirmer. Les Burundais sont un peuple unique, capable de relater le contenu d'une réunion de haut niveau à laquelle ils n'ont pas participé mais avec une précision rarement trompeuse. Dans cette nation où la solidarité est le seul mode de survie, les nouvelles circulent, se substituant aux devises qui font cruellement défaut. Il faut informer le voisin si telle station est entrain de servir le carburant, si il y a une camera des policiers devant vous...
Dans l'atmosphère enfumée des cafés, les conversations prennent vie. Les voix feutrées s'entremêlent, murmurant des informations qui se répandent telles des rivières souterraines, coulant d'oreille en oreille. Les Burundais, avec leur sagacité innée, échangent des bribes de vérité et de conjecture, tissant une toile de connaissances dans les interstices de leur quotidien.


Selon les informations recueillies auprès de ceux qui traversent régulièrement ces frontières, la rumeur persistante s'est finalement confirmée. Pour couronner le tout, le ministre de l'intérieur Mr Martin Ninteretse lors d'une réunion à Kayanza a tenu des propos injurieux envers le président du Rwanda Son Excellence Paul Kagame confirmant par ailleurs la fermeture de ces frontières et l'expulsion des Rwandais vivant au Burundi. Cela survient après le discours du président Evariste Ndayishimiye, où il a exposé sans équivoque ses intentions envers le Rwanda. Dans cet article, nous allons essayer d'adopter une approche de raisonnement à l'absurde, à la manière d'Évariste Ndayishimiye, afin de comprendre comment un pays enclavé, pauvre et désespérément besoin de devises et de touristes peut penser que fermer ses frontières est la solution ultime dont il a besoin.
Dans la vidéo ci-après Martin Ninteretse reprend le même discours de Ndayishimiye affirmant que le Rwanda héberge les ennemis du pays.
Tenez bien ! Le gouvernement burundais n'a même pas eu la décence de recourir aux canaux diplomatiques disponibles pour faire part au Rwanda de cette mesure unilatérale. Ils ont préféré se servir de ce qu'ils appellent, à Bujumbura, la Radio "Munwa", laissant au Rwanda le soin de déchiffrer les messages implicites.
Dans le communiqué émanant du bureau du porte-parole du gouvernement rwandais, il est fait mention du fait qu'ils ont appris cette mesure unilatérale par le truchement des médias. Le communiqué rappelle par ailleurs que cette mesure va restreindre la libre circulation des biens et des personnes entre les deux pays, ce qui viole les principes de la coopération et l'intégration au sein de la communauté de l'Afrique de l'Est.

Il se pose assurément la question de savoir si le Burundi s'adonne à une forme de jeu du
"qui perd gagne", étant donné que tous les indices convergent vers l'absence de tout bénéfice, que ce soit sur le plan sécuritaire ou économique, à travers cette démarche.
Il semblerait que le gouvernement burundais, par une volonté délibérée, sacrifie le bien-être économique de sa propre population et utilise le Rwanda comme un bouc émissaire pour détourner l'attention des nombreux problèmes internes auxquels le pays est confronté. Cette attitude s'avère d'autant plus préoccupante que l'économie burundaise périclite déjà, entraînant de douloureuses conséquences pour le peuple.
Il convient de s'interroger sur la véritable motivation de cette attitude envers le Rwanda, qui pourrait bien être une tentative désespérée de dissimuler l'implication du Burundi dans les événements survenant en République démocratique du Congo. Toutefois, cette stratégie périlleuse ne fait qu'aggraver les problèmes auxquels le Burundi est confronté. Au lieu de chercher des solutions internes et de se concentrer sur le bien-être de son peuple, le gouvernement burundais préfère s'adonner à des manœuvres politiques qui troublent les relations régionales et mettent en péril l'harmonie au sein de l'EAC.
Il est impératif de reconnaître que les véritables enjeux et les véritables responsabilités ne sauraient être dissimulés indéfiniment. Ce jeu du "qui perd gagne" ne fait qu'exacerber les tensions et les problèmes, tant pour le Burundi que pour la région dans son ensemble. Il est grand temps de délaisser les subterfuges politiques et de se consacrer à des mesures constructives en faveur du bien-être de tous.

Revenons à cette image circulant sur les réseaux sociaux, celle représentant la fermeture de la frontière avec un cadenas de vélo. Cette image offre une vision saisissante de la capacité du Burundi à gérer ses problèmes internes, notamment sur le plan économique.
Cette photographie insolite, teintée d'une ironie amère, incarne de façon frappante les difficultés auxquelles le pays est confronté en matière de gestion. L'utilisation d'un modeste cadenas de vélo, loin d'être un dispositif de sécurité digne de ce nom, peut être perçue comme une métaphore visuelle de l'incapacité du Burundi à prendre des mesures appropriées pour résoudre ses problèmes internes.
1.Préoccupations sécuritaires?
Les préoccupations sécuritaires que Ndayishimiye et Ninteretse évoquent suscitent un mélange de perplexité et d'amusement, teinté d'une pointe d'ironie. Imaginons, pour un instant, que le Rwanda soit le repaire des rebelles RED TABARA ce qui est bien sûr loin de la réalité. Dans ce cas, posons-nous la question existentielle suivante : pourquoi le Burundi a-t-il dépêché ses soldats pour affronter le RED TABARA dans les contrées lointaines du Sud-Kivu en République démocratique du Congo, plutôt que de se diriger tout droit vers le Rwanda ? Après tout, Gatumba, cette localité frontalière, ne se trouve-t-elle pas à proximité de la RDC ? Ne serait-il pas plus judicieux de fermer la frontière avec la RDC, étant donné que les rebelles RED TABARA, s'ils existent bien sûr, auraient probablement emprunté cet itinéraire ?
À moins, bien sûr, que ces rebelles ne prennent soin de présenter leurs papiers d'identité à l'immigration de Gasenyi, Kanyaru et Bugarama avant de se lancer dans leurs attaques. La décision de Ndayishimiye sur ce point est sans aucun doute un exemple de logique retorse qui suscite à la fois rires nerveux et réflexion.
2.Punition contre le Rwanda?
Lors de sa récente conférence de presse, Ndayishimiye a laissé entendre que les Rwandais seraient bientôt privés des délicieux Ndagala et du spectacle majestueux du Lac Tanganyika. Mais soyons sérieux un instant ! Admettons que les Rwandais aient un penchant pour les Ndagala. Dans ce cas, ne deviendraient-ils pas des clients potentiels ? Admettons qu'ils brûlent d'envie de contempler les eaux scintillantes du Lac Tanganyika. Dans ce cas, ne deviendraient-ils pas des touristes prêts à dépenser leur argent dans ton pays, à occuper les hôtels locaux ? Pardonnez-moi, je rationalise peut-être trop, en oubliant qu'il convient de raisonner à l'absurde pour trouver une certaine cohérence. Il semblerait que tous ces échanges commerciaux ne soient pas nécessaires. Il faut punir les Rwandais à tout prix. Sauf que ce Rwandais-là est en train de bâtir son pays de manière extraordinaire, son peuple est confiant envers son leadership, son armée, son économie, sa vision, et ainsi de suite.
Comme nous l'avons souligné au préalable, n'essayons pas de comprendre, raisonnons simplement à rebours de toute logique... "Eurêka, j'ai trouvé ! Il faut fermer toutes les frontières. Nous n'avons pas besoin du Rwanda, nous n'avons même pas besoin des Rwandais."
Quand certains pays apprendront-ils ces leçons de civilité du Rwanda, qui font que les Congolais circulent en toute liberté et sans aucune inquiétude dans toutes les villes rwandaises ? Les désaccords politiques peuvent exister entre les nations, mais restons toujours réalistes et objectifs afin de ne pas pénaliser les innocents.





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